Marcher comme un touriste, c'est marcher sur l'écorce de la terre. Marcher comme un randonneur, c'est en connaître la sève, entrer dans le mouvement, l'énergie même de l'univers et revenir le soir avec des odeurs de nature, de forêt traversée, peut-être de sanglier dont on suit les traces... Marcher comme un pèlerin, c'est marcher proche du Souffle qui est dans la sève, avec ce qui informe la sève et donne à l'arbre son écorce, sa droiture vive au bord du chemin.
Il ne s'agit pas d'opposer l'écorce, la sève et le Souffle, le touriste, le randonneur, le pèlerin, mais simplement de rappeler que la terre sainte est sous nos pas. Elle n'est pas ici, elle n'est pas là; c'est notre façon de marcher, la qualité de notre marche qui rend la terre sainte ou "profanée".
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Marcher doucement sur la terre, c'est concrètement mettre un pied devant l'autre, et savoir où l'on pose son pas. Marcher doucement sur la terre, c'est demeurer dans la tendresse du respect. Cela renvoie à une des Béatitudes de l'Evangile : "Bienheureux les doux, ils posséderont la terre." La terre résiste aux violents, à ceux qui veulent la consommer, la consumer, elle se donne à ceux qui la traitent doucement.
Le vieil homme me disait : "Si tu marches doucement sur la terre, elle ne t'accueillera pas comme un étranger, elle t'accueillera comme une mère, elle n'accueillera pas seulement ta poussière, elle te redonnera à ton souffle, le souffle avec lequel tu l'as éclairée, avec lequel tu la fais respirer. Marche doucement sur la terre, elle est sacrée...".
Jean-Yves Leloup, in L'assise et la marche
mimik 09/07/2012 21:17
marceline 09/07/2012 07:11
Jackie 08/07/2012 19:06
Isa 08/07/2012 11:52