B comme beauté...
Si j'étais l'amie du bon Dieu.
Si je connaissais les prières.
Si j'avais le sang bleu.
Le don d'effacer et tout refaire.
Si j'étais reine ou magicienne,
princesse, fée, grand capitaine,
d'un noble régiment.
Si j'avais les pas d'un géant.
Je mettrais du ciel en misère,
Toutes les larmes en rivière,
Et fleurirais des sables où fuit même l'espoir
Je sèmerais des utopies, plier serait interdit,
On ne détournerait plus les regards.
Si j'avais des milles et des cents,
Le talent, la force ou le charme,
Des maîtres, des puissants.
Si j'avais les clés de leurs âmes.
Si je savais prendre les armes,
Au feu d'une armée de titans.
J'allumerais des flammes,
Dans les rêves éteints des enfants.
Je mettrais des couleurs aux peines.
J'inventerais des Édens.
Aux pas de chance, aux pas d'étoiles, aux moins que rien.
Mais je n'ai qu'un cœur en guenille,
Et deux mains tendues de brindille.
Une voix que le vent chasse au matin.
Mais si nos mains nues se rassemblent,
Nos millions de cœurs ensemble.
Si nos voix s'unissaient,
Quels hivers y résisterait ?
Un monde frère, une terre âme sœur,
Nous bâtirons dans ces cendres
Peu à peu, miette à miette,
goutte à goutte et cœur à cœur.
Peu à peu, miette à miette,
goutte à goutte et cœur à cœur.
Zaz, Si
Peut-être notre destin fait-il partie d'un destin plus grand que nous. Cela, loin de nous diminuer, nous grandit : notre existence n'est plus cette aventure absurde et futile entre deux poussières ; elle jouit d'une perspective ouverte. Dans cette optique, notre regard qui perçoit la beauté et notre cœur qui s'émeut de la beauté donnent un sens à ce que l'univers offre comme beauté, et, du même coup, l'univers prend sens et nous prenons sens avec lui.
François Cheng, Œil ouvert et cœur battant
Photographier n'est pas tuer un animal, mais tuer le temps en fixant un instant pour l'éclater en convertissant du temps en espace, comme ces clichés qui transforment le jet continu d'un robinet en succession de gouttelettes. Mais qu'est-ce que cela représente, surtout lorsqu'il s'agit d'une libellule ?
Lorsque les clichés mis dans l'ordinateur apparaissent pour la première fois sur l'écran, vous découvrez enfin ce que vous avez photographié. L'appareil interposé entre vous et l'insecte a vu et enregistré ce que vous ne pouviez pas voir.
Alain Cugno, La libellule et le philosophe