B comme beauté...
Disposés en tous lieux et à tous vents
Et rendus fuyants à nous-mêmes
Peut-être
N'existons-nous que rarement
Et bien que chaque battement
Sois le pouls de la vie
Que l'instant illuminatif
S'envaste d'infini
Que la lumière sur les eaux
Se pose comme un sceau
Sommes-nous pour autant exonérés
De notre souffle court
Peut-on sans tremblement silhouetter nos ombres
Voués à cette fugitive éternité ?
Gilles Baudry
Le vent dépouille les arbres de l'avenue. Il balance les ramures sur les promeneurs. Il pousse les nuées dans un ciel de fin de jour. Les pluies rattrapent le vent. Il les prend par la main, il les emmène gifler les vitres du préfet. Le temps s'effiloche, le temps attend la nuit. A l'heure de la lampe on lira les anciens jours. Mais il fera peut-être plus nuit qu'on ne croit. Ou plus clair. Ou bien ensuite plus clair. Une lumière sans les astres, la lumière du visage seulement. Et les jours nous aurons rattrapés, enfuis de leurs taudis où mouraient les géraniums. Nos jours laissés, quittés l'un après l'autre, oubliés dans nos hâtes, effacés par les soucis intrus; et soudain revenus, retrouvés avec leur air enfariné de petits jeunots d'autrefois. Avec Abraham qui regarde en l'air par habitude sans voir sur sa manche la poussière des porcelaines qu'il a cassées.
Jean Grosjean, Cantilènes
... La surprenante splendeur de ce joyau naturel, la soudaineté de son apparition à l'entrée de l'hiver, là où il n'y avait, la veille, rien que les débris de la végétation morte, la forme d’œuf qu'il a avant de se déployer, l'extraordinaire rapidité de sa croissance, ne sont-elles pas de sûrs indices de son caractère magique ?
Jacques Brosse, La magie des plantes