Si la tranquilité de l'eau permet de refléter des choses,
que ne peut la tranquilité de l'esprit ?
Tshouang-tseu
B comme beauté...
Si la tranquilité de l'eau permet de refléter des choses,
que ne peut la tranquilité de l'esprit ?
Tshouang-tseu
Prendre au sérieux notre condition humaine,
c'est la prendre à coeur, se passionner pour elle,
s'y consacrer tout entier, avec une belle énergie,
une volonté insatiable d'aller toujours plus avant,
plus au coeur,
pour parvenir à l'or pur au fond du creuset,
et saisir, tenir, sentir entre nos mains
quelque chose de vrai, de solide, de rare.
Philippe Mac Leod, Sens et beauté
Lumière et ombre
dans l'église d'Aarschot.
Notre vie
se perd
dans des détails...
Simplifiez,
simplifiez,
simplifiez !
Henry David Thoreau
Marcher fait venir naturellement aux lèvres une poésie répétitive, spontanée, des mots simples comme le bruit des pas sur le chemin. On pourrait encore trouver un écho de la marche dans la pratique du chant des psaumes dit "à choeurs alternés". (...)
On trouve ainsi dans la marche cette puissance énorme de la répétition. La répétition du Même. Elle fait naître les psaumes, qui sont l'actualisation scandée d'une foi dans la vibration des corps.
Frédéric Gros, Marcher, une philosophie.
Le silence ensemence le monde intérieur.
Ce sont des moments de grâce qui font naître à la beauté.
Le silence écoute chanter la vie.
Magda Hollander-Lafon, Quatre petits bouts de pain
Marcher comme un touriste, c'est marcher sur l'écorce de la terre. Marcher comme un randonneur, c'est en connaître la sève, entrer dans le mouvement, l'énergie même de l'univers et revenir le soir avec des odeurs de nature, de forêt traversée, peut-être de sanglier dont on suit les traces... Marcher comme un pèlerin, c'est marcher proche du Souffle qui est dans la sève, avec ce qui informe la sève et donne à l'arbre son écorce, sa droiture vive au bord du chemin.
Il ne s'agit pas d'opposer l'écorce, la sève et le Souffle, le touriste, le randonneur, le pèlerin, mais simplement de rappeler que la terre sainte est sous nos pas. Elle n'est pas ici, elle n'est pas là; c'est notre façon de marcher, la qualité de notre marche qui rend la terre sainte ou "profanée".
(...)
Marcher doucement sur la terre, c'est concrètement mettre un pied devant l'autre, et savoir où l'on pose son pas. Marcher doucement sur la terre, c'est demeurer dans la tendresse du respect. Cela renvoie à une des Béatitudes de l'Evangile : "Bienheureux les doux, ils posséderont la terre." La terre résiste aux violents, à ceux qui veulent la consommer, la consumer, elle se donne à ceux qui la traitent doucement.
Le vieil homme me disait : "Si tu marches doucement sur la terre, elle ne t'accueillera pas comme un étranger, elle t'accueillera comme une mère, elle n'accueillera pas seulement ta poussière, elle te redonnera à ton souffle, le souffle avec lequel tu l'as éclairée, avec lequel tu la fais respirer. Marche doucement sur la terre, elle est sacrée...".
Jean-Yves Leloup, in L'assise et la marche
Consens à la brisure
C'est là que germera
Ton trop-plein de crève-coeur
Que passera un jour
A ton insu la brise
François Cheng, Le livre du vide médian
Tu ne vas quand même pas passer ta vie
dans l'adoration d'un brin d'herbe
me disait celui qui passait sa vie
dans l'adoration du monde où rien ne pousse,
pas même un brin d'herbe.
Christian Bobin, L'éloignement du monde
Exprimez en peu de mots une vérité aimable,
mais que jamais vos lèvres ne profèrent une vérité hideuse.
Dites à la jeune fille dont les cheveux brillent au soleil qu'elle est la fille du matin.
Mais lorsque vous rencontrez un aveugle, ne lui dites pas qu'il est fils de la nuit.
Aux boiteux, offrez votre agilité, à l'aveugle offrez votre vue.
Et veillez à donner de vous-mêmes aux riches mendiants :
ce sont les plus nécessiteux de tous, car,
certainement aucun homme n'accepterait de tendre la main pour recevoir une aumône
s'il n'était réellement pauvre, même s'il possède de grands biens.
Rappelez-vous ceci de moi : je vous aprends non à donner mais à recevoir,
non à refuser mais à vous laisser combler,
non à céder mais à comprendre, et toujours le sourire aux lèvres.
Je ne vous apprends pas à vous taire, mais à chantonner en douceur.
Je vous révèle votre moi le plus intime, où vous retrouverez tous les hommes.
Khalil Gibran, Le jardin du prophète.
La contemplation de la beauté
est toujours prière.
Nicolas Dieterlé