9 janvier 2010
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16:41
Le ciel est bien gris et lourd aujourd'hui.
La neige est tombée une bonne partie de la journée, recouvrant tout au passage.
Y compris le tronc de l'arbre fidèle, penché le long de l'étang.
Rentrée chez moi au chaud, installée dans mon canapé avec une bonne tasse de thé, je plonge dans le dernier livre de Mahmoud Darwich, un des plus grands poètes arabes contemporains.
Et j'y découvre un beau texte sur l'arbre :
"L'arbre est le frère de l'arbre ou son bon voisin. Le grand se penche sur le petit et lui fournit l'ombre qui lui manque. Le grand se penche sur le petit et lui envoie un oiseau pour lui tenir compagnie la nuit. Aucun arbre ne met la main sur le fruit d'un autre ou ne se moque de lui s'il est stérile. Aucun arbre, tel le bûcheron, ne tue un autre arbre. Devenu barque, l'arbre apprend à nager. Devenu porte, il protège en permanence les secrets. Devenu chaise, il n'oublie pas son ciel précédent. Devenu table, il enseigne au poète à ne pas devenir bûcheron. L'arbre est absolution et veille. Il ne dort ni ne rêve. Mais il garde les secrets des rêveurs. Nuit et jour debout par respect pour le ciel et les passants, l'arbre est une prière verticale. Il implore le ciel et, s'il plie dans la tempête, il s'incline avec la vénération d'une nonne, yeux tournés vers le haut, le haut. Dans le passé, le poète a dit : 'Ah si le jeune homme était une pierre'. Que n'a-t-il dit : 'Ah si le jeune homme était un arbre !' "
Mahmoud Darwich, La trace du papillon