Quand la fin de l'été se fait belle
B comme beauté...
Quand la fin de l'été se fait belle
Elle m'aurait lâchée cette sacré vie
Si je l'avais laissé faire
C'était facile
Un éclair de vertige
Le bonheur fluide d'un instant
Mais le Printemps faisait du bruit
Dans ma mémoire si tôt blessée
Et je l'ai entendu
Au-delà des barbelés
Magda Hollander-Lafon, in Quatre petits bouts de pain
Un livre que je vous recommande : une méditation sur la vie, que cette femme, rescapée d'Auschwitz, partage avec beaucoup de joie et d'espérance.
L'air du temps... la suite...
"En effet, la beauté a le don de provoquer en nous les ressentis les plus forts et les plus immédiats, des ressentis aussi bien charnels qu'émotionnels. Imprégné des sensations nées de ces ressentis, notre être se sent attiré par la présence de la beauté et d'instinct va vers elle. Ce faisant, il s'oriente vers une certaine direction. Or, dès que notre existence prend une direction, elle prend sens. Et lorsque cette direction ouvre sur un état d'harmonie et de communion, autrement dit un état d'amour, ce qui est le cas de la beauté, notre existence atteint sa plus haute signification, parce que c'est alors qu'elle fait signe à la vraie vie; et la vraie vie, à son tour, lui fait signe."
François Cheng, Oeil ouvert et coeur battant
Vous, les habitués, vous connaissez probablement mon amour des arbres et des livres...
"Après les arbres, je me découvrais une nouvelle famille : les livres. Mais les seconds ne prenaient-ils pas corps dans la chair des premiers, n'étaient-ils pas tout autant emplis de feuilles bruissantes, chuchotantes ? Les uns et les autres puisaient dans la terre, dans l'humus et dans la boue des jours, leur force et leur élan, et ils s'épanouissaient dans l'espace, en plein vent. La sève, l'encre - un même sang obscur coulant avec lenteur, roulant vers la lumière, et frémissant de la rumeur du monde."
Sylvie Germain, Chanson des mal-aimants.
Quand le ciel hésite entre gris clair et gris foncé,
que les beaux projets à l'extérieur s'effondrent sous les gouttes,
qu'il est doux de se plonger dans la lecture,
en attendant de ressortir pour admirer
les perles déposées par les nuages.
"Oui, c'est un pur miracle que, par des mots enterrés dans des livres, l'on puisse raviver une source, rafraîchir un jardin."
Christian Bobin.
Pour le moment, je relis avec autant de plaisir que la première fois le roman de Frank Conroy, Corps et âme. Un livre où la musique tient une place centrale. Musique, mais aussi transmission, transfiguration. Je vous le recommande !
Un roman biographique et autobiographique écrit à la deuxième personne.
Un ouvrage en deux parties : hommage à sa mère biologique et hommage à sa mère adoptive.
Un petit recueil que j'ai relu avec beaucoup d'émotion et de plaisir de lecture.
"Tes yeux. Immenses. Ton regard doux et patient où brûle ce feu qui te consume. Où sans relâche la nuit meurtrit la lumière. Dans l'âtre, le feu qui ronfle, et toi, appuyée de l'épaule contre le manteau de la cheminée. A tes pieds, ce chien au regard vif et si souvent levé vers toi. Dehors, la neige et la brume. Le cauchemar des hivers. De leur nuit interminable. La route impraticable, et fréquemment, tu songes à un départ, une vie autre, à l'infini des chemins. Ta morne existence dans ce village. Ta solitude. Ces secondes indéfiniment distendues quand tu vacilles à la limite du supportable. Tes mots noués dans ta gorge. A chaque printemps, cet appel, cet élan, ta force enfin revenue. La route neuve et qui brille. Mais à quoi bon partir. Toute fuite est vaine et tu le sais."
C'est par ces quelques mots que Charles Juliet commence son ouvrage intitulé Lambeaux.
Ecriture claire, fluide, belle et précise.
Un très beau moment de lecture !
Ce soir, elle est pleine, ronde, blanche.
Quel contraste avec la nuit noire.
Elle joue à cache-cache avec les branches qui se dénudent.
Nous narguerait-elle, de là-haut, toute brillante pour se faire remarquer, alors que la nuit est tombée ?
Est-ce simplement de la prévenance pour ceux qui sont amenés à circuler de nuit, pour leur éclairer quelque peu leurs pas ?
Daniel Charneux nous en fait une belle description dans Nuage et eau, ce livre dont je vous ai déjà parlé ici.
"Cette perle brillante dans son coffret noir, c'était aussi la lune, sa meilleure amie, les nuits où ses promenades le ramenaient, solitaire, à l'ermitage.
Dans le ciel d'automne
Le vent clair chasse les nues -
La lune brillante.
(...) Il l'aimait en toute saison : blanche, fragile et cristalline comme un flocon de neige, l'hiver ; bleutée, vaporeuse, irisée telle une opale quand le printemps emplissait la colline du souffle sucré des cerisiers roses ; laiteuse, argentée, alanguie dans la torpeur des nuits d'été ; rousse et verruqueuse ainsi qu'une citrouille, l'automne, cerclée d'un halo où hululait le grand-duc dont les yeux semblaient fondus dans un éclat de son or.
Il l'aimait à trois jours, simple croissant, corne ou arc bandé ; à sept jours, demi-lune, vieille amie qui se cacherait sous un foulard, prête à se dévoiler en riant ; à treize jours, presque pleine, telle une femme en gésine au terme de sa grossesse. Il l'aimait ample et ronde, fière et voluptueuse, disque rayé de stries, d'entailles, de griffures, de cratères et de mers, de volcans et d'abysses. Il aimait son décroît, son déclin, son décours. Il aimait quand, absente, elle se laissait vouloir. Quand, les nuits de brouillard, de pluie, de nue, de neige, elle se cachait dans les nuages et qu'il devait la désirer longtemps pour découvrir enfin, dans un trou d'éclaircie, son clin d'oeil pour lui seul quand les autres dormaient."
... Bonne nuit. En espérant que la pleine lune ne viendra pas agiter votre sommeil.