Bleu du ciel là-haut,
bleu marine comme la mer qui s'étend à perte de vue
bleu indigo des tuniques africaines,
bleu pastel des teinturiers amiénois,
bleu lavande des senteurs du sud,
bleu nuit quand le jour s'endort...
Bleus au coeur, bleus à l'âme,
bleu intense du bleuet devenu bien rare,
bleu gris de nos ciels du nord.
Une couleur qui se décline à l'infini.
Orthodoxie du bleu.
Il va pieds nus derrière le bleu.
Il marchera longtemps vers l'horizon, sous l'abside fortifiée du ciel, pour le grand sacerdoce de la mer et sa liturgie d'algues sombres.
Dans les basiliques de corail, l'infini parfois plie les genoux.
C'est ici le logis incertain des dieux, leur cahute, leur cabane de vent, leur gibier de fer où suspendre la lessive de leurs robes blanches.
L'oreille collée contre le sommeil agité des cieux, la mer écoute et berce un peu le souvenir d'anciennes prières dont les paroles depuis longtemps se sont perdues, loin quelque part au large, au fond de la cervelle des anges.
Jean-Michel Maulpoix, dans Une histoire de bleu