"L'émerveillement crée en nous un appel d'air.
L'éternel s'y engrouffre à la vitesse de la lumière
dans un espace soudain vidé de tout."
Christian Bobin
B comme beauté...
"L'émerveillement crée en nous un appel d'air.
L'éternel s'y engrouffre à la vitesse de la lumière
dans un espace soudain vidé de tout."
Christian Bobin
"Il n'y a pas à mesurer le temps ici, une année ne vaut rien et dix ans ne sont rien. Etre artiste veut dire : ne pas calculer ni compter ; mûrir comme l'arbre qui ne hâte pas sa sève et qui résiste, confiant, aux tempêtes du printemps sans craindre qu'après elles puissent ne pas venir l'été. Il arrive. Mais il n'arrive que pour ceux qui sont patients, qui sont là comme si l'éternité s'étendait devant eux, dans le calme et l'ouverture de l'insouciance. Je l'apprends tous les jours, je l'apprends dans une souffrance pour laquelle j'éprouve de la gratitude : la patience est tout !"
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète (23 avril 1903)
Etrange rencontre,
merveilleuse découverte au détour du chemin.
Atelier de poussières d'or.
Surcroît de réalité...
"Chercher le merveilleux dans des objets trouvés qui font signe, dans des événements étranges et des rencontres préfigurées ou annonciatrices, c'est faire de la quête du merveilleux un projet absorbant, alors qu'il y a d'autres actes à accomplir dans la vie que de s'émerveiller, et c'est passer à côté de toutes les choses insignifiantes qui attendant dans la trame des circonstances et qui ne demandent qu'à devenir significatifves au regard de l'âme avec lequel, à notre surprise, nous les apercevons. On s'émerveille profondément et durablement en voyant que le quotidien est merveilleux au-delà de sa dimension ennuyeuse et répétitive, que le réel de tous les jours peut paraître chargé, à n'importe quel moment, d'un surcroît de réalité."
Michel Edwards, De l'émerveillement
Un poème est une peinture invisible.
Une peinture est un poème visible.
Guo Xi.
Je me rends compte
combien peinture et poésie me tiennent à coeur !
Soleil et nuages.
Eclaircies et averses.
Douceur et fraîcheur.
Joie et tristesse.
Alors une femme dit : "Parle-nous de la joie et de la tristesse."
Et le prophète répondit : "Votre joie est votre tristesse sans masque.
Ce même puits d'où jaillit votre rire fut souvent rempli de vos larmes.
Et comment en serait-il autrement ?
Plus profondément la tristesse creusera dans votre être,
plus abondamment vous pourrez le combler de joie.
La coupe fraîche qui contient votre vin
n'est-elle pas celle-la même qui fut brûlante dans le four du potier ?
Et le luth qui apaise votre esprit,
n'est-il pas ce même bois qui fut taillé à coups de couteau ?
Lorsque vous éprouvez de la joie, sondez votre coeur
et vous trouverez que seul ce qui dans le passé vous a causé de la peine
fait à présent votre bonheur.
Et dès lors que la tristesse vous envahit,
sondez de nouveau votre coeur
et vous verrez qu'en vérité
vous pleurez sur ce qui autrefois vous a rendu heureux.
Certains d'entre vous disent que la joie est plus grande que la tristesse,
et d'autres de soutenir le contraire.
Mais moi, je vous dis qu'elles ne sont pas séparables.
Elles marchent main dans la main ;
et quand l'une vient s'attabler seule avec vous,
n'oubliez pas que l'autre est assoupie sur votre lit.
En vérité, vous êtes comme les plateaux d'une balance
oscillant entre votre joie et votre tristesse.
Il faudrait que vous soyez vide pour rester immobile et en équilibre.
Et quand le gardien du trésor vous soulève
pour peser son argent et son or,
vous ne pouvez empêcher votre joie ou votre tristesse
de faire pencher la balance."
Khalil Gibran, Le Prophète