L'averse a tout détrempé.
Pas question de faire une halte.
Le banc est tout mouillé.
B comme beauté...
L'averse a tout détrempé.
Pas question de faire une halte.
Le banc est tout mouillé.
Le vent s'intensifie.
La surface de l'étang est agitée.
La luminosité est changeante.
Reflets d'une branche qui se dénude.
Mille graphismes élégants.
Elles étaient belles.
Elles ont vécu.
Elles se sont transformées.
Elles s'éparpilleront bientôt.
Ephémères.
Pour renaître...
plus tard.
Est-ce que la feuille
Attendrait le vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Se prêteraient au vent,
Est-ce que la feuille
Irait au vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Pardonneraient au vent,
Est-ce que la feuille
Ferait un signe au vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Parleraient au vent,
Est-ce que la feuille
Résisterait au vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Craiendraient si fort le vent,
Est-ce que la feuille
Désirerait le vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Voudraient s'enfuir avec le vent,
Est-ce que la feuille
Flagellerait le vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Appelleraient le vent,
Est-ce que la feuille
Apaiserait un peu le vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Auraient mal sous le vent,
Est-ce que la feuille
Saurait le vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Se raidiraient au vent,
Est-ce que la feuille
S'accrocherait au vent,
Est-ce que la feuille et son rameau
Voudraient saisir le vent,
Est-ce que la feuille
Se laisserait aller au vent,
Si la feuille et le vent
Ne voyaient pas l'espace
Faire la fête au ciel qui reste,
Si la feuille et le vent, la feuille et son rameau
Ne voyaient pas que l'horizon
Est un appel,
Si la feuille et le vent
Ne voulaient vivre plus
Qu'à cet instant qu'ils vivent,
Si la feuille et le vent, la feuille et son rameau
Ne craignaient rien tant que le temps
Où rien n'arrive ?
Guillevic, Le goût de la paix.
Creuse en moi ton silence
Déchire cette peau d'amande
où se réaimante le chaos des syllabes.
Que s'affranchisse d'un seul regard
l'essaim fou des questions.
Rassemble ma chair devenue lente
sous la ligne d'enceinte
à contre-jour de la sentinelle.
Que la rencontre aille jusqu'au bout
de ce promontoire de l'âme.
Dans le temps qui nous absente
ne tarde pas :
ouvre la tente du rendez-vous.
Christiane Keller, L'heure sensible.
Elle est toute ronde.
Ronde comme la terre
autour de laquelle elle tourne.
Elle est à nouveau toute ronde.
Après avoir passé par tous les stades du régime.
Et c'est toujours pareil.
Vingt-huit jours plus tard,
elle est à nouveau toute ronde.
Automne, saison des glanes.
Provisions pour l'hiver.
Les écureuils sont experts.
Le hêtres ont tout prévu.
Les faines sont nombreuses;
Les écureuils seront gâtés.
Le vent fait craquer les branches.
La brume vient dans sa robe blanche.
Il y a des feuilles partout,
couchées sur les cailloux.
Le soleil sort à peine
et nos corps se cachent sous des bouts de laine.
Et tout en haut des collines,
je regarde tout ce qu'octobre illumine
(un texte largement inspiré de Francis Cabrel ; d'aucuns l'auront reconnu...)
Dans la lueur des lampadaires
Le long du trottoir édenté
L'averse avec fracas
baisse le rideau rouillé
de l'ultime saison
Alors que s'écoulent sans remords
Les choses du monde et des astres
L'enfant sans mots
voit s'éloigner sa mère
qui le laisse orphelin
Les amants font le geste muet
pour ne plus se voir
Ne plus se voir ne plus se dire
L'homme au pain mouillé
s'avance vers l'obscur
au rideau rouillé
Offrant à l'aversion
de l'insidieuse averse
sa face d'antan
Un instant éblouie
Par la lueur des lampadaires
Le long du trottoir édenté
François Cheng, Qui dira notre nuit
Coup de froid.
Coup de vent.
Les feuilles virevoltent.
Tapis rouge.
P.S. : Pour celles et ceux qui s'inquiètent de ne pas voir aussi fréquemment que par le passé de nouveaux billets ou de réponse à leur commentaire : tout va bien. Simplement trop de travail et un manque cruel de temps.